Je parle de l’amour au goût du sel,
De cette vague qui claque sur mes chevilles,
Qui vibre dans mes oreilles ; et c’est déjà la fin
Et la pâteuse,
Et la gorge s’éteint, et une odeur aigre envahit la pièce,
Et la grimace statique, les joues rougissent, les yeux se ferment à moitié et ce sera comme ça.
Et ce renfrognement encore toujours, cette mousse idéale toujours amère,
Encore ce goût de bonheur qui reste aux lèvres — tout est blanc et vide et les lèvres sont brillantes et beiges ;
On dit que ça chante à l’unisson et pourtant ça vibre faux ; cette vague laiteuse tombe fausse ; ça sonne non-porteur ;
Sur le cadavre encore chaud de désirs,
Je glisse mes doigts, et le corps je le modèle comme l’eau bat les algues brunes.
*
Quelque chose me dit, que je ne peux pas entendre ; tout est myope,
Non pas que je sois sourd. Au milieu du crâne vibre un élan rompu.
J’ai le sang en compote.
Et ce bruissement sans cesse dans ma boîte, comme des arbres pleins de mains qui battent, et ces floraisons à vomir autour, et la joie sans pudeur, le tintement des lustres de Gomorrhe.
J’ai le ventre tapi de feutre, et ça frappe.
*
Des augures brûlantes lèchent les collines,
Leurs traînées amères font dôme,
Je me répands dans une terre de laine ;
J’envoie mon œil en cloche — je vois sur les pentes des jets de pierres plates sur notre vallée, et des rochers
De mercure
Explosent et fondent, sur nous.
Je vois pourquoi les cadavres, et pourquoi une plante a germé sur mon diaphragme ;
Pourquoi les fleuves montent, pourquoi leur eau se sale en même temps ;
Pourquoi je m’étire et mes poumons ne sont pas pleins,
Pourquoi rien ne parvient et tout retombe ;
Je tends mes doigts, et une pierre d’en-haut me défonce le crâne.
Lyon, 19 avril